Économies d’énergie dans les collectivités : comment Toulon réussit son défi avec CUBE Ville

Les économies d’énergie dans les collectivités sont aujourd’hui un enjeu majeur pour les villes françaises confrontées à la hausse des coûts et aux exigences réglementaires. A Toulon (83), cet engagement se traduit concrètement : la ville fait partie des pionnières du concours CUBE Ville, avec 15 bâtiments inscrits, dont l’Hôtel de Ville, un immeuble de 13 étages et 7 000m².
Nous avons rencontré Erick Mascaro, maire adjoint aux bâtiments et équipements durables, pour comprendre comment la collectivité a fait de la sobriété énergétique un levier humain, organisationnel et financier.
Pourquoi avez-vous inscrit Toulon au concours CUBE Ville ?

Erick Mascaro : A Toulon, nous savons être accompagnés sur la partie performance de l’équipement thermique, la partie technique du bâtiment. Et j’ai proposé notre participation à CUBE Ville, car j’ai été sensible à la partie usages et sobriété, car on touche à l’humain. C’est intéressant de s’interroger sur l’angle à adopter pour travailler sur ce levier.
Comment s’est lancé le projet à Toulon ?
Erick Mascaro : Dans une collectivité, le garant des finances est le Directeur Général des Services (DGS) et quand vous lui dîtes qu’on va lancer des actions qui ne coûtent pas très chères et qui peuvent rapporter ou éviter d’investir, généralement il tend une oreille plus attentive que lorsqu’on lui dit qu’il faut investir des milliers d’euros pour isoler.
Le DGS et Madame la Maire ont accepté de se lancer dans CUBE Ville et après, ça a vraiment été une « aventure ». Il a fallu construire une équipe projet. Hormis ceux qui avaient la gestion des bâtiments qui se sont imposés naturellement, on a élargi le cercle.
On s’est d’abord demandé quelles typologies de bâtiments on allait viser puis on a pris les bâtiments qui consomment le plus dans différentes typologies, notamment les bureaux classiques comme l’Hôtel de Ville qui n’est pas en très bon état en termes d’enveloppe. Travailler sur les comportements s’imposait pour les 300 – 400 personnes présentes.
Nous avons également sélectionné des bâtiments culturels et sportifs. Il y a nos propres salariés qui utilisent les équipements mais dans un gymnase, qui a été rénové récemment et qui est utilisé par des associations, le rendu n’est pas le même en termes d’économies d’énergie et de dépenses énergétiques selon comment elles se comportent. On a donc tout intérêt à travailler avec les associations, c’est un volet qu’on a intégré au dispositif.
Comment avez-vous approché vos collaborateurs pour les convaincre de faire partie de « l’aventure » ?
Erick Mascaro : Une fois les typologies de bâtiments identifiées, je suis allé voir mes collègues adjoints, par délégation. Je les ai sollicités en leur demandant de trouver des volontaires. Des directeurs à la charge de la délégation en matière de culture et en matière de sport ont également été désignés. Nous avons aussi intégré la communication dans la démarche. Le challenge s’anime pour ceux qui participent. Pour ceux qui ne participent pas, il faut quand même qu’ils voient ce qui est fait. Il faut que ça se diffuse, qu’il y ait des relais.
Les équipes relais étaient constituées d’une ou deux personnes par bâtiment sauf dans l’Hôtel de ville où on s’est inspiré de ce qui est fait sur la sécurité avec des ambassadeurs par étage. On a réussi à avoir entre et deux ambassadeurs par étage. Ce qui fait un petit collectif d’une quarantaine de personnes à animer.
Qu’avez-vous apprécié dans le déploiement du concours ?
Erick Mascaro : Le concours est très bien structuré. Il y a un véritable accompagnement et aussi la mise à disposition de la CUBOTHEQUE avec plein de documents utiles et opérationnels. Par exemple, il y a des modèles de mail à envoyer pour sensibiliser les relais, annoncer une réunion de partage…. La CUBOTHEQUE est rempli d’outils concrets avec des nudges, des affiches qu’on personnalise avec la communication…. Ça fait gagner du temps et c’est efficace.
Selon vous, quels sont les bénéfices du concours ?
Erick Mascaro : CUBE Ville est une belle aventure humaine : on met autour de la table différentes personnes pour qu’elles réfléchissent sur comment faire des économies d’énergie dans leur propre bâtiment. Dans ces conditions, elles ont la capacité de trouver des choses. On ne leur dit pas quoi faire mais on les guide sur des actions précises et simples. De là, émergent de nombreuses idées d’action.

CUBE Ville, c’est aussi l’idée de décloisonner les gens qui n’ont pas l’habitude de se voir et de se croiser notamment dans l’Hôtel de ville où il y a 13 étages. Il y a un vrai travail qui se crée. Je rejoins également les bénéfices financiers et humains de l’aventure CUBE. La ville en ressort gagnante.
Un autre élément à prendre en compte c’est l’importance de la connaissance des consommations avec l’approche du Décret Tertiaire et cet aspect se renforce dans CUBE Ville. C’est très intéressant d’avoir l’aspect donnée et suivi de consommations qui peut nous faire aller plus loin. A mi-parcours, l’Hôtel de ville était le 1er bâtiment au classement niveau national. C’est important de montrer aux gens que leurs actions ne sont pas vaines.
Avez-vous rencontré des difficultés ?
Erick Mascaro : Avec le recul, je pense que nous n’avons pas su intégrer correctement le management intermédiaire. Le DGS a annoncé la participation, la Maire a envoyé des mails mais le manager intermédiaire est resté ancré dans ses habitudes et a parfois coupé l’initiative aux relais. Les relais ont envie quand on leur donne l’autorisation de sortir de leur zone de confort. Mais c’est aussi grâce à ces obstacles qu’on apprend. Nous avons donc décidé, à l’avenir, de travailler plus au rôle du manager intermédiaire dans ce dispositif.
Comment imaginez-vous la suite ?
Erick Mascaro : Souvent on fait plein de choses en « one shot » mais qui ne durent pas. L’objectif, c’est de faire perdurer cette action qui est efficace et intéressante. Nous avons donc inscrit, avec un cercle de collaborateurs, la continuité de CUBE Ville.
Est-ce qu’on va garder le nom ? Peut-être pas mais on va continuer à s’appuyer sur la méthodologie existante pour l’inscrire durablement. La ville participe également au concours CUBE.Ecoles avec 6 établissements engagés sur la saison 2025-2026. L’objectif est de former les générations futures à la sobriété énergétiques et réduire les consommations des fluides des écoles.
Et si vous releviez, vous aussi, le défi des économies d’énergie ?
Le message du maire est clair : l’énergie la plus durable, c’est celle que l’on économise ensemble.
Comme Toulon, rejoignez le Championnat de France des Économies d’Énergie et engagez votre collectivité dans la saison 3 du concours CUBE Ville.
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